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评论贺丹/雅克·班巴诺(Jacques Pimpaneau)

发布时间:2021-03-05

文:雅克·班巴诺(Jacques Pimpaneau)

我认识贺丹是在他初到法国、开始在巴黎博物馆观看西方油画原作的时候。

有些人认为,浏览一下配有名画印刷复制品的艺术史就足够了。殊不知,照片的彰显性有多强,它的欺骗性就有多强!我本人就曾一度搞不明白,为什么包括毕加索在内的一些知名艺术家要将委拉斯凯兹的《宫娥》视作油画史上不可多得的重要作品。这其实正是由于我之前只见过这幅作品的复制品。直到有一天,我在马德里普拉多博物馆看到原作,并为之深深震撼,才明白了其中缘由。

旅居巴黎那些年,贺丹不仅丰富了自己的艺术视野,也为让其他中国艺术家享有他的经历付出了很多努力。为了能使中国艺术家有可能来法国,并拥有比较好的学习生活条件,贺丹不吝与巴黎国际艺术城多次商谈,最终成功以西安美术学院之名在巴黎国际艺术城购得一个工作室。贺丹之所以这样做,是因为他自己在法国的学习生活条件相当艰苦。我清楚记得贺丹曾为挣几个小钱在艾菲尔铁塔下为游客画像的情景。

在法国南特市有一个叫作ROYAL DE LUXE的木偶剧团,其街头巨型机械提线木偶表演已成为独特的庆典节目,深受人们喜爱。贺丹在巴黎郊区首次看到南特巨型木偶表演时即深深为之吸引。在与木偶表演者交谈中,贺丹得知他们有意去中国演出,便欣然答应为巨型木偶赴中国演出做些工作,并最终确定在陕西乡村组织一次表演。尽管由于木偶巨大,须拆分运输,并在当地重新组装,保证木偶表演顺利进行需要克服重重困难,但那次演出获得了巨大的成功,不能不说贺丹功不可没。

还有一件事值得一提。贺丹在法国攻读“深入研究文凭”(即DEA,系当时在法国攻读博士学位必备文凭)所完成的论文具有重要价值。其论文深入研究了陕北深山沟里的宗教仪式,透过每年不得不将佛像从一个村子转到另一个村子的现象,贺丹揭示出每一次“转场”本身也已自然成为真正的宗教仪式。鉴于贺丹这一发现弥补了中国和西方相关学界的一个空白,其论文赢得了论文评审委员的一致称许。

贺丹与中央美术学院金之霖教授合作,在巴黎组织了一次陕北农民剪纸作品展。展览邀请了两位陕北颇有名气的民间艺术家来法国展览现场表演剪纸,那是两位农民老太太。

必须承认,贺丹在旅法期间为中法两国文化交流做出了重要的贡献。

我在西安逗留期间,曾与贺丹谈起印度。印度与中国在数世纪历史长河中一直维系着重要的、远不止于佛教的关系,但中国至今尚无一家印度博物馆。贺丹与我就此一起去见了西安美术学院院长,建议在西美美术馆设立一个印度厅,方便学生了解印度文化。但购买印度古代艺术品是不可能的,因为印度方面禁止古代艺术品出口,而在西方古董商手里能够找到的印度古代艺术品价格过高。因此,我们决定选择印度民间艺术作品。印度民间艺术品的主题多为宗教,至少可以帮助学生初步了解印度神话。西安美院首批收藏的印度民间艺术品已经成功展出,藏品还有待未来进一步丰富补充。

贺丹在巴黎完成的作品主要表现故乡陕西农民的生活。看到其画作的法国人无不称其是中国的布鲁盖尔。而今天,贺丹在以同样的天赋和热情继续着描绘人群这一主题的同时,更将目光拓展至当今生活的方方面面:人力车替换成了飞机,成群的农民让位给了市民,甚至更为巧妙地让位给了漫天飞舞的蜜蜂或成群的蚂蚁,在贺丹的画笔下,这些蜜蜂或蚂蚁宛若闪烁的珠宝。

旅居巴黎期间,贺丹全力以赴成就了两件大事,一是为了让其中国的同事能够来法国学习努力创造条件;二是热情地以其作品表现被轻视的群体和个体,让他们得以登上艺术的殿堂。贺丹以其作品充分证明,具有现实社会意义、能够被正确理解且不带有任何宣传意味的艺术作品,完全有可能跻身于诸多世纪流传下来的艺术杰作之列。

巴黎东方语言文化学院名誉教授

雅克·班巴诺

J’ai connu He Dan quand il était à Paris, où il s’initiait à la peinture occidentale en visitant les musées. Certains croient qu’il suffit de parcourir des histoires de l’art illustrées. Mais la photo est tout autant trompeuse que révélatrice. Je ne comprenais pas pourquoi des artistes, dont Picasso, considéraient Les Ménimes de Vélasquez, que je n’avais vu qu’en reproduction, comme LE tableau essentiel dans l’histoire de la peinture. Le jour où j’ai vu l’original au Musée du Prado à Madrid, ce fut un choc et j’ai compris pourquoi.

Lors de ses années à Paris, He Dan a non seulement enrichi son regard, il s’est aussi démené pour que d’autres artistes chinois puissent profiter de son expérience. Après de nombreuses tractations, il est parvenu à obtenir que l’Institut des Beaux-Arts de Xi’an acquière un studio dans la Cité des Arts de façon à ce que des artistes puissent résider un certain temps en France dans des conditions confortables, car lui-même y vécut une existence difficile. Je me souviens qu’assis sur un tabouret au pied de la Tour Eiffel, il dessinait des portraits de touristes pour gagner quelques sous.

Dans la ville de Nantes, un groupe créa des personnages, des animaux, tous gigantesques et articulés animés par un moteur. Il les fait défiler dans les rues ce qui constitue un spectacle stupéfiant qui attire les foules. He Dan l’a vu lors de leur venue dans une banlieue parisienne, a parlé avec ceux qui construisaient ces géants qui marchaient et ceux-ci lui ont fait part de leur désir de montrer leurs géants en Chine. He Dan a relevé ce défi et il est parvenu à organiser leur venue dans le Shaanxi, dans une région rurale où il a fallu reconstruire ces géants capables de bouger apparemment tout seuls.  Ce fut une opération difficile qui fut finalement un grand succès.

Par ailleurs, He Dan a écrit une thèse  en vue du DEA, diplôme qui est après le Master et juste avant le doctorat d’État. Ce travail concernait une cérémonie religieuse dans une vallée du Shaanxi : la statue d’une divinité bouddhique change de village chaque année, ce qui donne lieu chaque fois à tout un rituel. Celui-ci était complétement inconnu des milieux universitaires, aussi bien en Chine qu’en Occident , et cette découverte lui valut les félicitations unanimes du jury.

He Dan organisa aussi à Paris, avec le Professeur Jin Zhilin de l’Institut des Beaux-Arts de Beijing, une exposition de papiers découpés de la province du Shaanxi. Et ils firent venir deux vieilles paysannes, artistes renommées de cette province, qui firent des démonstrations devant les visiteurs.

Il faut reconnaître que, lors de son séjour en France, He Dan eut un rôle remarquable dans les relations culturelles entre la Chine et la France.

Lors d’un séjour à Xi’an, nous parlâmes de l’Inde. Il n’y a aucun musée en Chine consacré à l’Inde, alors que les relations entre l’Inde et la Chine avaient été très importantes au cours des siècles et ne se limitaient pas au bouddhisme. He Dan et moi allâmes voir le président de l’Institut. Nous lui proposâmes de consacrer une salle à l’Inde dans le musée de l’Institut pour intéresser les étudiants à la culture de ce pays. Il était impossible d’acquérir des objets anciens, car il est interdit de les exporter, et ceux que l’on peut trouver chez des antiquaires occidentaux sont très chers. C’est pourquoi le thème choisi fut l’art populaire, dont les sujets, surtout religieux, permettent de fournir une première approche de la mythologie hindouiste. Furent rassemblés assez d’objets pour constituer une première collection, à présent exposée et qui pourra être enrichie à l’avenir.

Lors de son séjour à Paris, il peignait surtout des scènes de la vie paysanne dans sa province du Shaanxi et les Français en regardant ses tableaux disaient qu’il était le Brueghel de la Chine. A présent, tout en gardant le thème des foules avec le même talent, il étend ses thèmes à la vie contemporaine : les avions remplacent les charrettes, et les foules de paysans cédent la place aux foules de citadins et aussi, de façon magistrale, à des foules d’abeilles et de fourmis, qui, sous son pinceau deviennent des bijoux.

Pendant son séjour à Paris, He Dan s’est battu pour que ses collègues puissent venir en France. Dans son œuvre picturale, il se bat pour que les foules des méconnus, plutôt que des individus, entrent dans le domaine de l’art, et ainsi il démontre que l’art réaliste et social, compris intelligemment, en dehors de toute obsession de propagande, peut prendre place à côté des chefs d’oeuvre des siècles passés.

Jacques Pimpaneau    Professeur émérite des universités (INALCO)